La proprioception (ou kinesthésie), le sens par lequel nous percevons la position et le mouvement de notre corps

 



Qu’est ce que la proprioception, son rôle et son importance dans notre vie quotidienne ?

La proprioception c’est le sens qui renseigne notre cerveau sur la position des différentes parties de notre corps entre elles, qui permet de connaître à tout moment la position de notre corps dans l’espace environnant et qui lui montre comment se mouvoir. Elle s’appuie sur un système de référence, semblable à une carte de notre corps en 3 dimensions, nommé schéma corporel (représentation que chacun se fait de son propre corps, sa forme, son volume).

Elle fonctionne avec des millions de petits capteurs sensoriels situés dans tous nos muscles, les tendons, les ligaments et les articulations, ainsi que dans la peau.

D’autres organes des sens, comme les yeux, servent de capteurs d’information sur notre environnement. Le système vestibulaire (partie de l’oreille interne qui n’est pas dédiée à l’audition) contribue, quant à lui, à la sensation de mouvement et à l’équilibre. Ensemble, les capteurs proprioceptifs et les autres organes sensoriels adressent en permanence des signaux qui transitent par nos nerfs sensitifs vers notre moelle épinière, puis vers le cervelet et le cerveau qui les analyse. Selon les besoins de la situation, il réagit en contractant ou en relâchant certains muscles. 

La proprioception et le  schéma corporel

La proprioception a la particularité de s’appuyer sur la plasticité du cerveau, sa capacité de réorganiser ses circuits neuronaux en fonction de ses ressources et des tâches qu’il doit accomplir. Sous l’effet de l’apprentissage moteur, celui-ci crée constamment des connexions neuronales et chacune de nos actions modifie notre cerveau. C’est  pourquoi la proprioception joue, au travers du mouvement, un rôle majeur dans l’élaboration du schéma corporel qui se construit très progressivement durant l’enfance. Le petit enfant développe son système proprioceptif en bougeant, il est donc essentiel de le laisser faire et même de l’encourager à bouger. Il reconnaît petit à petit les différentes parties de son corps et du corps de l’autre et vers 3 ans, il peut se représenter de manière grossière dans le dessin d’un bonhomme. Normalement, le schéma corporel ne se trouve achevé que vers 11-12 ans.

Les habiletés motrices

Chez le bébé, l’apprentissage moteur nécessite, au départ, le secours de la vue pour organiser les mouvements et les contrôler. Puis, au fur et à mesure que l’apprentissage progresse, le cerveau garde en mémoire les informations pertinentes et, lorsque l’occasion se présente, il peut les récupérer afin de reproduire ces mouvements ; et même les adapter à de nouvelles contraintes. 
La proprioception nous permet donc de contrôler nos membres sans les regarder directement, sans elle la vie que nous connaissons serait impossible.
De ce fait, elle est à l’origine des qualités de coordination et d’adresse. Ces deux qualités fondent les habiletés motrices. Une bonne proprioception nous est indispensable pour le maintien de nos postures, lors de nos déplacements, ainsi que pour assurer la coordination de nos mouvements. Elle nous permet d’écrire lisiblement, de marcher en ligne droite, de danser en suivant le rythme de la musique, d’être performant lors d’une activité physique, de jouer d’un instrument de musique, etc.

La localisation spatiale

Au delà de son rôle mieux connu dans le mouvement, la proprioception joue un rôle fondamental dans la manière dont notre cerveau gère les informations provenant de nos autres organes des sens. A l’origine, ce sens très archaïque avait pour rôle de permettre au sujet de situer très rapidement et très précisément un danger potentiel dans l’environnement, pour  qu’il réagisse de manière à assurer sa survie. Elle est au centre des phénomènes neurologiques qui permettent de situer la source des stimuli sensoriels dans l’espace.

Comment pourrions-nous localiser une cible visuelle dans l’espace sans que le système nerveux soit précisément informé du lieu où se trouve le corps et notamment l’œil ?

En effet, elle ne fonctionne pas indépendamment, mais en connexion avec les autres organes des sens et influence fortement leur travail en donnant constamment au cerveau l’indication de leur place respective dans le corps. Pour écouter en direction d’un son nous devons tourner la tête. Quand un élément attire notre attention, nous tournons notre tête et dirigeons nos yeux vers lui. 

La proprioception permet de localiser les informations visuelles et auditives dans l’espace. Il est donc évident qu’une bonne localisation spatiale des informations visuelles est indispensable à la lecture qui demande de poser son regard de manière très précise sur les mots.

La perception multisensorielle

Notre vie consiste avant tout à analyser des signaux provenant de nos différents organes des sens, que notre cerveau traite en continu. C’est un organe multitâche très performant qui effectue énormément de tâches de manière automatique (gestion de l’équilibre, respiration, etc.). Celles-ci sont fondamentales pour subvenir à nos besoins essentiels et nous permettre de nous dégager l’esprit pour nous consacrer à des activités cognitives de niveaux plus élevés.

Cependant, les informations provenant des différents organes des sens tels que la vue, le système vestibulaire et la proprioception doivent être concordantes et être cohérentes avec les données de l’environnement immédiat pour permettre au cerveau de les traiter correctement et de fonctionner au maximum de ses capacités. Sinon, il est en état de vigilance, de « stress », pour vérifier les informations et assurer la survie : bien situer le danger, ne pas tomber, ne pas se cogner, etc.

Il est important pour le cerveau de recevoir des informations sensorielles concordantes. En effet, peut-t’il vraiment se consacrer à des tâches cognitives de haut niveau si la proprioception du cou lui fait croire que la tête est droite, alors que l’oreille interne lui indique qu’elle est penchée ?

La proprioception est partout et notre vie en dépend de manière cruciale. Elle est impliquée dans le contrôle postural, la précision et la coordination de nos mouvements, la localisation de nos organes sensoriels et par conséquent des informations sensorielles dans l’espace ;  elle joue donc un rôle majeur au sein la perception multisensorielle. Comme tout les systèmes physiologiques, elle peut dysfonctionner et quand nous considérons l’étendue de son action, nous réalisons que les symptômes d’une dysfonction proprioceptive peuvent être nombreux, très variés et parfois très invalidants. Pourtant, aujourd’hui encore, elle reste trop souvent négligée par nombre de professions de santé qui laissent ainsi de côté les patients dysproprioceptifs, ignorant leurs souffrances, leurs difficultés, et les considérant souvent comme des malades psychologiques.

Feldenkrais et les capteurs de proprioception

La spécificité de la méthode Feldenkrais est de restaurer la proprioception, la perception ou conscience de la position et du mouvement du corps et le sens de la position et du mouvement du corps. C'est une méthode utilisée pour étudier les mouvements musculaires.

Le système nerveux central organise nos mouvements, par une boucle de rétroaction entre nos sensations, nos intentions et les réponses de l'environnement.

Sauf que ce fonctionnement peut être compromis, provoquant des douleurs ou des limitations.

Cela se produit suite à des gestes répétitifs prolongés, à des activités intensives impliquant trop de force, comme le sport ou la pratique d'un instrument, ou au contraire suite à une trop grande sédentarité.

Ces dysfonctionnements peuvent également être causés par des situations stressantes, ou suite à une blessure ou une maladie.

La méthode Feldenkrais repose sur l'idée que toute personne, quels que soient sa condition physique et son âge, peut développer plus de fluidité, d'aisance et d'efficacité dans ses gestes et sa posture.

L'amélioration de la qualité du mouvement implique une meilleure utilisation du squelette en tant que structure de soutien.

Au-delà de la seule force musculaire, la disponibilité de chaque articulation et la coordination des différentes parties du corps permettent de mieux répartir l'effort.

La méthode Feldenkrais est inspirée en grand partie des arts martiaux japonais, des notions de mécanique et de la connaissance détaillée de l'anatomie musculo-squelettique. Moshe Feldenkrais, riche des connaissances des méthodes innovateurs de son époque, avec un esprit éveillé d'ingénieure scientifique à la recherche des nouvelles manières d'améliorer la personne dans toute son intégrité et humanité, a passé les derniers années de sa vie professionnelle  à developper sa méthode.

Nous sommes reconnaissantes de cette richesse, de son héritage, et nous sommes consacrées à enseigner et promouvoir cette méthode. 


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